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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 14:26

Certains voyages se méritent plus que d'autres pour de multiples raisons : chaleur intempestive, confort rudimentaire, risques sanitaires, physiques, mais souvent  ce sont ceux qui laissent leurs traces indélébiles dans les méandres de nos souvenirs.

S'il est un continent qui a des odeurs, des sons, des couleurs, où l'on éprouve des sensations premières, primaires et vraies c'est bien le continent africain.

 

 1158-Tiebele-concession-royale.jpg

 

Le périple débute à Niamey où nous rejoignons une amie française y résidant avec sa "tribu". Le goût de l'Afrique, la passion de l'Afrique, Agnès le  vit au quotidien avec la dose de débrouillardise et de bon sens indispensables pour y "survivre".  Elle nous fera partager son expérience, nous introduira chez des féticheurs entre autres, sera notre compagne de route au fil de ces jours.

C'est en feuilletant un bouquin que notre regard est attiré vers un village au Burkina Faso. Agnès proposait une incursion dans ce pays voisin la seconde semaine de notre séjour.

Notre projet a été interrompu par le coup d'état qui nous a assigné à résidence. Mais notre mobilité et notre liberté ont vite été retrouvées et c'est sous un enthousiasme de mise que nous quittons le Niger pour un autre pays.

 

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Rien que l'évocation du mot Ouagadougou, sa capitale ce nom appelle à une évasion imaginaire et fabuleuse.

Situé à 177 km de Ouaga, Tiébélé est le nom du village convoité pour son architecture vernaculaire découverte au hasard d'une lecture.

 

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Le Burkina réunit d'anciens royaumes, témoins de l'importance de "chefferies" dans ces régions. Si le pouvoir gouvernemental est aujourd'hui prédominant, les différents clans et leurs représentants, conservent toujours un certain pouvoir local.

Un palais royal a été construit à Tiébélé dans le courant du XVI siècle. Cet ensemble architectural se visite en compagnie d'un guide qui nous avait été vivement recommandé. La première impression est bonne, un maintien digne, un port altier, une façon de s'habiller à l'occidentale sans choquer, une intelligence décelable dans son regard.

De suite, il vérifie si nous ne portons pas de rouge, la couleur interdite dans le palais et à ses alentours, puisqu'elle est seule réservée au roi.

 

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Après quelques autres préambules, nous pénétrons par la seule porte d'accès orientée au Sud. Cette ouverture est cernée par des hauts murs en banco (terre crue).

Nous sommes d'emblée pris par le lieu : unité de formes, de matières, de graphismes des symboles. Les formes moulées, arrondies sont très sensuelles, généreuses et accueillantes. Les tons chauds de la terre sont en parfait accord avec la nature, quelle leçon d'intégration à la nature. Les murs sont rehaussés de dessins noirs, virant au bleu sous le soleil. Les motifs de formes géométriques ou plus figuratives (serpent, étoile ...) recouvrent tous une signification, aucun geste gratuit, tout est intention, sens.

Chaque forme indique le statut de ses propriétaires. La case en forme de huit est la plus importante, dédiée à la grand-mère et aux enfants. Les rectangulaires sont réservées aux jeunes couples et les rondes aux hommes célibataires.

 

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Les hommes construisent les maisons, mais ce sont les femmes qui les ornent de peintures et en assurent leur pérennité en les repeignant.

 

Avant de nous séparer de notre guide, nous prenons un rafraîchissement. Agnès lui demande une dédicace du petit fascicule racontant Tiébélé. Quel est notre étonnement quand nous le voyons se lancer dans un long écrit. Le fait de nous consacrer tant de temps est déjà un cadeau en soi.  Par pudeur, Agnès lira la dédicace plus tard, elle est à elle-seule la raison de cet article que je vous révèle.

 

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"Un prince vivait au palais de Tiébélé, il avait 27 ans. Son oncle l'aimait, il le préparait à la succession de son père. Et chaque fois qu'il commettait une faute et pour échapper à la punition de son oncle, il disait toujours je suis désolé. Son oncle était plein d'indulgence, il pensait qu'il retiendrait la leçon.

Mais un jour, il jouait dans le temple avec une lampe elle lui échappa des mains et le feu se répandit dans tout le palais, il s'est enfui du palais en courant. Il disait qu'il voyait deux routes qui se présentaient en lui : où il s'enfuyait pour se cacher ou il revenait pour subir les conséquences, même si on devait le tuer ça n'avait aucune importance, alors il revint : Il voulait dire à son oncle qu'il était vraiment désolé mais il n'eut malheureusemnt plus le temps de le lui dire, car son oncle avait péri dans l'incendie. Depuis ce jour Azoula n'a plus jamais dit je suis désolé."

Signé Prince Anayan Amoukitan.

 

 1278-Tiebele-2eme-concession-maison.jpg

 

Nous nous sommes interrogés si notre guide était bien ce Prince où s'il s'agissait du récit d'une autre vie que la sienne comme la prénom d'Azoula différait de celui d'Anayan.  Agnès l'a recontacté, et nous avons eu la confirmation que nous avons bien passé une demi-journée en compagnie princière. 

 

Je tiens ici à remercier Agnès et le Prince pour ce beau moment.

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